D'après Christian Degoutte, La mélodie rugueuse - ou autre dissonance - in Verso, n° 155.

« LA MELODIE RUGUEUSE de Fabrice Farre est un ensemble de 64 p (64 écrans, devrais-je dire) de courts poèmes en prose (à 2 ou 3 exceptions près). C’est « Je »qui parle. Il est l’œil d’une « caméra subjective », mais il est suivi en tout lieu par une « caméra objective ». Ce livre fait penser à ces débats du corps et de l’esprit (de Villon à Louise Labé) : la lutte entre les images (dites) objectives : « J’ai laissé mes vêtements courir seuls par les ruelles » et les images (dites) subjectives :« Que fais-je dans mes vêtements qui ne changent pas ». Vraiment une lutte incessante : « Quelle est cette enveloppe pour celui dont je connais les histoires inventées », « On tire de l’ombre un corps qui peine à se solidifier à la lumière…/…c’est juste une enveloppe »,« Ce n’est pas nous qui tombons. Seuls les vêtements qui nous ont distingués, qui nous ont donné l’existence perceptible dans la rue, au travail, dans la solitude des foules amarrées au quai ». Lutte qui donne parfois l’impression d’une danse, comme ces judokas qui s’empoignent et valsent agrippés l’un à l’autre et roulent ensemble sur le sol « J’identifie le corps de tes paroles nues qui me font défaut, remonte le silence en apnée jusqu’à reconnaître que je ne sais qui dort en moi ou en toi qui dors contre moi, quelle est cette ignorance allongée qui respire à ma place. »
Extrait de "En salade", pp. 112-113.


Editions Le Chat Qui Louche, Québec.

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