Tiny, in LE CHASSEUR IMMOBILE

 

Ce qui resserre rassure

le lit à portée, les insomnies intranquilles

sur les mots ressassés, le travail maigre

peu enclin à nourrir l'affamé

le café qui ronronne

la mécanique de l'ordre des choses

et l'idée nomade de n'être de nulle part.

Je suis vite dehors quand je regarde

dans cet intérieur ouvert, les yeux fermés.



Extrait de LE CHASSEUR IMMOBILE, Editions Le Citron Gare, page 9, 2017, 2ème impression.

Les illustrations sont de Sophie Brassart. Accès en cliquant sur la photo.



Visite

 

Parfois, l'entier se défait de ses moitiés, elles-mêmes

sont la part infime de l'intime particule, le résidu

rempli de la pudeur silencieuse. Dans la masse

il y a un grain luisant, dans le pli un monde.


Toi qui viens me voir en entrant dans le couloir,

entres tout petit au sein de la maison maternelle,

goutte lactée entre les murs vus par la rue, avare

lumière, sourire sans te voir est sourire sans se voir.


L'enfant dans le mur...

 

L'enfant entre dans le mur. Il fait signe de sa fenêtre à coulisse,

après le son de trompette, touche la paroi qui l'éloigne,

il agite la main, les particules. Il répète


en lui des milliers de fois tant de mots, mille et sans. De ces fonds

s'échappent des méduses amnésiques, Ophélie leur a prêté ses voiles,

et les diablesses Manta ouvrent grand leur gueule d'une sombre aphasie :

l'enfance chienne errante monologue avec la grâce du Lamantin.



Bel-Air

 

Cette bâtisse où tu n'as pas vécu n'est ni de famille

ni de circonstance pour un poème qui veut naître.

Sous le lierre rouge, une fenêtre emprunte le miroir

pour fixer celui qui s'arrête, les yeux levés vers elle.


Tant de familles sont passées par cette porte cochère

leurs chiens faméliques et beaux volant au passant

immobile la faim des jours agiles et lévriers. La maison

traverse la mémoire brûlante, cherchant qui l'a vue.




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