DES EQUILIBRES

 

Tendre, le goût de la graine délogée de sa gousse dure

pendant que tu le racontes. Depuis cette pierre insolée, le

coeur de terre irrigue les plants de pommes d'or polies sans

relâche dans la langue, et l'arrière-saveur salée relève le

mets d'amour calé entre tes mains minuscules. La faim

d'hier rassasie dès à présent l'amer. Au milieu du champ, ce

jour-là, dans les remous maintenant, ton histoire s'achève.


Poème extrait du recueil DES EQUILIBRES, Bruno Guattari Editeur, 2022, in Place de la Sorbonne, n°13, juin 2024.


TATOUAGE

 

Rue Balthazar, je crois, au premier

quart de la journée, les vitrines glissent

pendant la marche, engourdies d'un jour

possible. Quelque pacotille en vente y trône.

Au second quart, dans les bas quartiers de la ville,

un colosse sans âge pratique le tatouage,

j'en porterai un : l'inquiétude peut-être

de l'impasse.



DOUZE

 

L'avion qui transporte au-dessus de la chape

gronde davantage tout comme les miens :

ils reposent là où j'ai quitté leur demeure,

me parlent un langage que seul je connais.

J'abandonne dans le bruit ce qu'ils ont gardé.

L'avion transporte, brutal vous déporte.




NOIR ET BLANC

 

La neige tombe sur la route noire
dans le silence elle recouvre
les fleurs rouges. Le bruit des voix
vient de la terre alors. Bientôt la neige noire
tombe sur la route blanche :
on n’y trouve que les pas du regard.
Bientôt le blanc s’efface
le noir fleurit sous les abeilles bavardes
les unes et les autres chargées de miel clair.



Paru, pour la première fois, dans l'anthologie de Jean Foucault, in Charlibre : le poème du jour d'après, 2015, p.153.

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