Festival Permanent des Mots (FPM), n° 26

Trois textes publiés dans FPM, n° 26 (revue sous la direction de Jean-Claude Goiri)


Pour découvrir le site de la revue : ICI


Le chasseur immobile (extraits lus)

Patrice Maltaverne dirige les éditions du Citron gare qu'il présente.

Sophie Brassart (peintre et poète, illustratrice du recueil) et Patrice Maltaverne lisent les poèmes de Fabrice Farre extraits du recueil LE CHASSEUR IMMOBILE. 




Revue La Piscine, hors-série

 Hors-série "Demain", novembre 2021


photo : Alain Mouton

Pour découvrir le numéro : https://www.facebook.com/revuelapiscine

TOUCHER TERRE, pré#carré n° 85


Après les murs : routes, chemins
sentes capillaires jusqu'au lac
dont les rives varient selon l'humeur.
Le visage serait-il un accident
survenu un jour de faiblesse.

*

Je prie pour que ton départ
soit une alerte au bonheur.
On ne quitte jamais la terre.
Tout en suivant ta silhouette qui s'épuise
je prie pour ne plus revenir à moi
et faire alors une rencontre
de l'étranger qui croit ne pas te reconnaître.



Deux poèmes extraits de Toucher terre, Pré#carré éditeur, mars 2015.


SAUF


Avant que ta vue ne soit rétablie,

pendant ces années où tu vivais de

noir et de blanc, tout près du gris souvent,

l'existence selon toi répétait sans fin le premier jour. Puis,

un jour neuf, le huitième d'une semaine

nouvelle, en levant les yeux tu aperçus

les piments sauvages qui séchaient à la fenêtre

avec leur rouge criard.


L'auteur sera présent au stand 604 des Editions du Cygne, à l'occasion du Marché de la poésie de cette année 2021.


Poème inclus initialement in CINQ FOIS, Leporello en compagnie de Philippe Agostini, Collection " Les beaux jours ", 2020.



 


Langue étrangère


C'est parce que le désert s'est retourné

sur lui-même qu'il ne voit que le désert.

A l'arbre répond l'hôte absent, semblable

à une ombre née du mirage. La solitude marche

à reculons, traduisant le sable

de sa langue étrangère.



Ruine

Voici la ruine, le mur d'une autre vie
où les épaules se sont appuyées, après
le travail. Un chemin la traverse maintenant,
chemin aux vaches dit-on,
l'herbe résiste par endroits -- comme l'a fait
longtemps la pierre. La fibre tendue
entre les pouces sifflait verte  dans l'air
en le coupant.
On bâtira encore dans cette sauvage
campagne, les lieux perdus porteront
des noms de rues, des plaques numérotées
au cou des maisons. Puis reviendront
les épaules contre celles des enfants, dans
un pays minime surpris lors d'un soubresaut.



Poème extrait de SAUF, éd. du Cygne, février 2021

Témoin

 

Quand les prés auront blanchi, je pourrai

noircir de sommeil, être la souche


d'une terre enfin libérée par l'oubli,

le seul témoin de la vie.


Comme le font les racines sondant

à l'aveugle une source lointaine, je glisse


vers la première présence. Est-elle

encore née – elle arrive pourtant, jamais vue.


Et même, avant que ne parvienne la bonne nouvelle,

le fond des choses remue ; le rouge petit s'agite


au cœur des champs jaunes, avec le vent. Fleur ou cœur.

On se précipite pour la recevoir, nouvelle ou personne.

Ecluses

On descend peu à peu, sur la terre 
montante marche la vie en sabots : 
d'eux surgissent les chevaux parfois
humains et tout éclat bruyant 
que l'on craint de perdre. 
Mais la raison alerte et au carrefour 
confus des moitiés, les portes s'ouvrent 
puis, des murs verts ruisselants, les écluses.

Paru dans la revue Osiris, n°92.



A corps ouvert


Tu arrives en défrichant la forêt de mes pensées,

le projectile renverse les quilles et en l'espace

de secondes que je ne sais compter,

il résulte du choc une source qui n'est ni fleuve

ni rivière. C'est une sensation torrentielle, pourtant,

elle ne mouille pas, elle m'assoiffe puis m'absorbe.

Revenant en moi, pétri par ce réflexe de survie,

mes haillons sont mon plus beau vêtement.


OSIRIS n° 92


Le numéro de juin 2021



Osiris est disponible chez Amherst Books, Amherst, Massachusetts ; Librairie Books, Northampton, Massachusetts ; City Lights Books, San Francisco, Californie ; Librairie Gallimard, Montréal, Québec ; Librairie L ' Exèdre, Trois-Rivières, Québec ; Grolier Poésie Librairie, Cambridge , Massachusetts ; Malvern Books, Austin, Texas ; la librairie Strand, NY, NY.

Pour toute commande ou abonnement : Osirispoetry@gmail.com
Adresse : 106 Meadow Lane Greenfield Massachusetts 01301 USA

Bruit

 

Le bruit discret retentit sur

la rue maintenue par les murs

de ma maison : histoires de vie,

valises, fardeau ou nécessaire

de voyage que tire la main affairée.

L'accueil n'a pas de porte, tout

peut entrer dans le vestibule inquiet

de l'oreille.



Promesse

 

Toucher à la terre peuplée de dragonniers et de cailloux,

la part qui revient à chacun avant d'entrer.


Avant d'entrer dans le monde

d'un pays, d'une ville ou d'une chambre


sur toi ma pensée, ma pensée sur toi se pose, alors

elle me touche de ta main.


Je ne t'ai jamais autant ressemblé, ta différence

me reconnaît. Je te rends, ainsi, ce qui m'appartient


et que tu me cèdes aussitôt, selon la loi de la joie,

de la joie qui marche en notre compagnie. Elle


murmure à grands cris, murmure par pudeur,

s'exclame dans nos gestes qui nous font


avancer. Halte, en temps de halte le lieu

nous considère en nous fixant ; par toi


je peux naître enfin, en m'oubliant, telles

sont tes paroles que je fais miennes.


Alors, pour qu'entre le grand dehors

sous l'accord qui nous lie, les fenêtres s'ouvrent


en nous. Visible d'ici, la place sous le ciel est faite

de ceux que nous ne connaissons pas. Nous savons pourtant


qui ils sont, parce qu'ils ignorent tout de nous.

L'ignorance, de chair et d'os, nous rend présents.


Sur moi, ta pensée se pose sur moi, elle te touche

d'une promesse jurée que je t'ai volée.



J'occupe une maison...

J'occupe une maison dans une maison,

celle où l'on pense jour par jour.

Les images des enfants ne font

que passer, il n'y a aucun tableau.

Les murs sont blanchis à la chaux

de l'amour qui brûle et parfois

rassérène. La veille du lundi

et du vendredi je prépare un déjeuner

pour un convive que j'aperçois

dans les formes mobiles du quotidien. 


                                A paraître, avec cinq autres poèmes, dans la revue américaine OSIRIS, en juin 2021


Deux poèmes

 

Dans l'escalier qui regagnait le ciel,

le cycliste de tout à l'heure portait

son vélo sur le dos, avec une grâce

facile. Les années où j'avais roulé

étaient passées, le temps que je monte

jusqu'à la dernière marche.


                                                        *


L'effort collectif permit l'ascension

de la nouvelle pente. Les badauds

de couleurs portaient leurs cris

essaimés au-dessus de leur tête,

tandis que l'exultation, comme

goutte froide, tombait noire

sur la route.

                        Le gruppetto

se détacha, tout à coup apparu

au refus de l'amertume.


Faire

 

Je ne reviens jamais à la même heure
pour tromper ce qui doit arriver
sur la crête blanche
de l’heure du réveil.
Les murs sont identiques, la porte
s’est refermée à peine. Par elle
je passe, songeant à l’inhabitude,
aux contraires qui ne se touchent pas
à la parallèle qui ouvre le carré de ma chambre. 


Mange Monde, n° 7 de 2014.

Sous les toits


 

Jamais les autres, mais sans eux

tu ne serais pas. Tu traverses

les murs, regagnes les toits sans

bruit. Ton voisin ignore-t-il si

la présence peut ne pas exister

et que le vertige est grand si l'on

se penche depuis ton balcon gardé

par une sentinelle ordonnée de cactus.



Chant du milieu

 

Tu te précipites sans prévenir,
il n'y a de place aujourd'hui
que pour les objets ressassés
avant le désert du faune.
Eux libèrent s'ils éprouvent,
l'oubli les soulève enfin,
ce sont des papiers que colore
ton allure de carton-pâte.



Bruno Guattari. Editeur

L'éditeur Bruno Guattari publie de la poésie : des recueils, la revue margelles et les Cahiers.


Pour découvrir le site : voici le lien.



L'orpailleur

 

Les petits débris roulent
sous les doigts : l'or
brille ou s'éteint bien que
l'œil soit averti. L'eau,
en tournant, écarte
le pur de l'impur,
elle retient le meilleur,
l'orpailleur l'a dit.


Toi-même

 

Jamais je n'ai mieux été que toi-même,

oubliant une brève vie pendant le temps

qu'il faut au néant pour l'éclairer. J'ai prononcé 

avant toi des mots qui m'auraient révélé moindre, plus

infime dans les trois silences entre deux cailloux.

Le bruit de toi se surprend à être le bruit de l'autre.


" Dire oui ", anthologie proposée par Florence Saint-Roch, terre à ciel, janvier 2021


 Avec Adeline YZAC, Alain FREIXE, Alexandre BILLON, Ariane DREYFUS, Balval EKEL, Béatrice MACHET, Bernard FOURNIER, Bruno NORMAND, Camille LOIVIER, Carole MESROBIAN, Cécile GUIVARCH, Cécile OUMHANI, Chantal DANJOU, Christian DEGOUTTE, Christine DURIF-BRUCKERT et Cédric LAPLACE, Christophe ESNAULT, Claire KRAEHENBUHL, Claudine BOHI, Coralie AKIYAMA, Corinne LAGENEBRE, Danièle FAUGERAS, Danielle TERRIEN, Denise MÜTZENBERG, Diane REGIMBALD, Elise TOURTE, Fabrice FARRE, Florence SAINT-ROCH, Françoise COULMIN, Françoise DELORME, Françoise ORIOT, Frédérique DE CARVHALO, Gabrielle ALTHEN, Georges CHICH, Germain ROESZ, Hélène LACOSTE, Hélène SANGUINETTI, Ian MONK, Ile ENIGER, Irène DUBOEUF, Isabelle LEVESQUE, Jacqueline PERSINI, Jacques MOULIN, Jany LEFLOT, Jean-Baptiste PARA, Jean-Claude MARTIN, Jeanine SALESSE, Jean-Michel SANANES, Jeanne BASTIDE, Jean PALOMBA, Laurence BREYSSE-CHANET, Laurent CENAMMO, Léon BRALDA, Luce GUILBAUD, Luminitza C. TIGIRLAS, Lydia PADELLEC, Marilyse LEROUX, Maud THIRIA, Michel DIAZ, Michèle FINCK, Odile FIX, Orianne PAPIN, Patricia COTTRON-DAUBIGNE, Pierre DHAINAUT, Pierre-Julien BRUNET, Raphaël MONTICELLI, Romain FUSTIER, Sabine DEWULF, Sabine PEGLION, Sabine ZUBEREK, Serge BONNERY, Serge NUNEZ TOLIN, Stéphanie FERRAT, Sylvie DURBEC, Thierry RADIERE, Valérie CANAT DE CHIZY, Vera PAVLOVA, Yves ELLIEN et Yves-Jacques BOUIN.

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