Le
chasseur immobile, Le
Citron Gare, juin 2014 (63 pages). Illustrations de Sophie Brassart. Second tirage en octobre 2017.
Nulle
part,
p.11
La
fin d'une route conduit
toujours
en dehors du monde
Le
ton de ta voix s'obscurcit,
nul
ne nous sera d'aucun secours.
La
rivière passe en contrebas,
nous
ne la voyons pas. Elle emporte
nos
paroles et l'espoir d'exister
est
une tentative pour essayer de les rattraper.
Patience manuelle, p.22
La patience a une heure d'avance
ta main est dans ma main
dix petites collines à la barrière
fondent sur l'horizon grand
comme un mouchoir. Nous prenons
ainsi notre destin. En avance
sur le monde petit qui s'agite
nous nous retrouvons pour marcher moins vite
qu'au temps où il fallait courir,
ralentis par une crise en sursaut
sur le terrain accidenté de nos dix petites collines
Patience manuelle, p.22
La patience a une heure d'avance
ta main est dans ma main
dix petites collines à la barrière
fondent sur l'horizon grand
comme un mouchoir. Nous prenons
ainsi notre destin. En avance
sur le monde petit qui s'agite
nous nous retrouvons pour marcher moins vite
qu'au temps où il fallait courir,
ralentis par une crise en sursaut
sur le terrain accidenté de nos dix petites collines
Aux
fenêtres,
p.29
Ils
se sont entendus, les draps, pour danser
de
la sorte aux fenêtres noires, l'été.
Dans
le lit, ils étaient d'une mesure
solennelle
lorsqu'ils habillaient nos corps
Dans
le jardin, capteurs d'ombre
chinoises,
ils parlaient d'enfance et le nom
que
tu criais était le mien.
Aux
fenêtres, ils sont les passants
silencieux
du ciel dès qu'ils nous quittent.
Guetteur,
p.37
Par
les rues jetées dans la ville
sous
l’œil flou des lumières hautes
sur
la place et le square enfouis
à
la surface des feuilles des arbres bas
elle
semblerait arriver, rencontrer
celui
que je vois passer ici et qui a mon nom.
Elle
serait aussi inhabituelle
que
cette nuit trop connue : peut-être
l'attente
– cette obsession à croire.
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La
figure des choses,
Henry,
octobre 2014 (62 pages).
Camélinat,
p.18.
J’ai
retrouvé ta maison,
l’épi
d’ombre dans le vestibule,
ce
que je ne saurai jamais dire
des
objets perdus dans la pénombre.
Alors,
ce qui existe n’a pas de contours
et
je prends conscience soudain
que
ton intérieur est une boîte,
que
ses murs me réduisent
à
la plus petite pensée
et
que je vis mieux ainsi
Grenade,
p.21.
Le
foulard à ton cou frémissait à chaque
fois
que tu prononçais un mot, n'importe
où
en présence ou pas de témoins.
A
la Pension , le rouge avait marqué la
nuit
ferme au sein de l'arène du rêve et
nous
avions cru disparaître.
Dans
le silence permanent de la taille du
tissu
vient s'ajouter la couleur du désir.
Midi,
p.56
Je
contourne souvent le monde qui
s'applique
à multiplier
son
chiffre de persuasion.
Je
n'en saisis que le bruit des clefs,
dans
ta poche, la couture
de
ton manteau qui cède
à
l'endroit exact du noir de la laine
et
du gris accolé presque invisible,
pendant
que je me tais.
Vision,
p.33.
Jamais
tu ne trouveras ma maison
aussi
droite qu’aujourd’hui
parmi
les cyprès et les voix
qui
passent.
J’attends
devant la fenêtre.
Certains
murmurent tout près
et
je crois voir le bourgeon qui s’ouvre
et
je crois que la fenêtre me fixe
et
je crois au visage.
Toits,
p.54.
Jusqu’à
la croix, le bleu nous touche
les
toits se suspendent et du bas noir
nous
avons un souvenir étroit comme
cette
ruelle nerveuse qui mène à la mine.
Les
nuages sont des visages, Rondet
n’est
qu’une forme de l’endroit
où
nous sommes nés. Avons-nous été
de
ce monde, une fois devenus bleus
sur
les tuiles en équilibre.
Ces
textes ont été chaleureusement accueillis par les revues Ce qui
reste et Les mots plus grands que nous.
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Toucher terre,
Pré carré, 2015.
1.
un colis par la poste. Cette boîte
à chaussures solidement attachée
marche longtemps. Elle traverse
un pays de plusieurs fois ma chambre,
ma chambre dans le timbre poste, mon attente
sans bordure
2.
sentes capillaires jusqu'au lac
dont les rives varient selon l'humeur.
Le visage serait-il un accident
survenu un jour de faiblesse.
3.
Au
bout, je me répands.
j'ai
lavé les cailloux mélancoliques
trié
le limon peu à peu solaire ;
les
poissons sont passés à nouveau entre mes doigts.
Suis-je
joie dans mon cours ou l'indifférence
du
miroir est-elle venue me confondre.
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Ligne, La
Porte, 2016
Dormir
Le
soir les voix s'éteignent
les
dernières minutes
toussent
au bord du rêve
où
la fraîcheur qui nous gagne
fait
de nous des rescapés.
Encore
Passer
par là demande
que
l'on se faufile
entre
les murs, tout juste à deux
car
le sort n'en accepte pas davantage.
Je
prendrais bien ta voix qui ne dit rien
tu
garderais le billet dans ta poche
espérant
arriver à terme :
dans
la cour, puis l'avenue
habitée
par la foule.
Nous
sommes passés par le chas de l'impasse
afin
d'entrer dans la vie une autre fois.
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N'ai-je,
Encres vives, 2016.
1.
Toute
fleur dehors
est
familière au débat
muet
de l'ermite
à
gorge déployée.
2.
L'image
sur l'eau procède
du
doute : le réel ne bouge
pas
et le pli mouvant
cherche
sans cesse un bord.
3.
Ainsi,
s'il n'y a
plus
de neige
les
pas perdus
l'endeuillent.
4.
Entre
les arbres
l'espace
est un tronc.
L'écorce
creuse qui chute
retrouve
le néant de bois.
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