RENTRER

 

Quand je rentre de ma leçon,

je ne fais pas le même chemin. Je m’égare souvent,

au risque de me perdre. Ma consolation

est ce que j’ai appris et que je me répète

jusqu’à l’épuisement.

 

L’autre leçon est celle du ressac en moi

qui de son écume blanchit mes cheveux.


PASSE, PASSE LA MAIN...


Passe, passe la main - l'oiseau furtif dans le bleu,

l'harmonica scintille pour répondre aux signes

étranges, à la fois noirs et blancs selon qu'ils sont

vus par mon père ou moi-même. Quelqu'un heurte le seuil

de notre jardin, le sol frappe sourd, jusqu'à nous,

l'année aura tout donné. C'est à nouveau la voix

issue de l'instrument que le père a avalé désormais ;

tous les graves sont en lui, les aigus pour les formes

sur nos têtes. Les bras massifs sont passés par

le tricot de corps blanc et le père a oublié de mourir.



In Avant d'apparaître, éditions Unicité, 2020.

 

PERPETUEL

 

Je recommence à vivre,

cette fois dans la peau du renard

buvant la rosée, enivré par le cœur

du thym généreux, fouinant sur la bute

élue par le chêne, cavalant derrière

une joie papillonnante, renardant

d’instinct avant une vie prochaine.


KØBENHAVN


C’étaient, au port, tes bras

repliés et tes mains sur la nuque.

On ne voyait que tes coudes que

tu articulais comme le Bec-en-sabot

de Copenhague.

C’était ton amitié libre ; dans les bureaux,

sur la mer calme, on négociait cent fois. 


CARTE DE SEJOUR, Encres vives, 2025




                                                                Photo de couverture : Marianne Gioia



 

La lucarne s'éclaire, la maison se soulève.

Dans l'odeur de talc fougère, les mains

ménagères fabriquent le pain de l'air.

La lampe du plafond fait voler des cercles de couleurs

et des arcs brisés et les voix aux airs latins s'amenuisent

à mesure que le lieu se retire.

C'est elle qui, tout en m'apercevant, jette

aux chats chétifs un morceau de pâte, soucieuse

de rester encore, ici-bas. Je la reconnais, léger sur la neige mère,

en moi.



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