Anthologie, "Apparaître", mai 2019

Apparaître, Anthologie

Le quinzième volume de la collection " La Main qui écrit ", par Florence Saint-Roch responsable de la revue.


Sommaire : Raphaël MONTICELLI, Jacques LEBRE, Jacques MOULIN, Lydia PADELLEC, Carole MESROBIAN, Fabrice FARRE, Anny CAT, Cécile A. HOLDBAN, Odile FIX, Florence SAINT-ROCH, Yves-Jacques BOUIN, Myriam ECK, Jean-Pierre CHAMBON, Anne-Marie SOULIER, Jacques ROBINET, Serge RITMAN, Clara REGY, Charles PENNEQUIN, Patrick LE DIVENAH, Françoise DELORME, Cécile OUMHANI, Ariane DREYFUS, Alain FREIXE, Roselyne SIBILLE, Dominique SORRENTE, Jean PALOMBA, Ian MONK, Marilyne BERTONCINI, Jean-François MATHE, Diane REGIMBALD, James SACRE, Christian DEGOUTTE, Marc-Henri ARFEUX, Sophie DESSEIGNE, Jeanine SALESSE, Sylvie DURBEC, Hélène SANGUINETTI, Sabine PEGLION, Michèle FINK, Luce GUILBAUD, Sylvie-E. SALICETI, Louis DUBOST, Isabelle ALENTOUR, Sylvie FABRE G, Claudine BOHI et Isabelle LEVESQUE.



 

 


Photo : Marianne Farre--Demeure

Les rails sont
pleins de volonté,
le premier wagon
entraperçu dans l'air
se libère
de la longue chaîne
qui le suit.
La locomotive
n'a été vue nulle
part. On ignore
où se trouve
le lieu de séparation.


IMPLORE, Bruno Guattari éditeur.

Bonjour à vous qui passez par là.
Le recueil (poésie et prose) IMPLORE, paru chez Bruno Guattari en octobre 2020.
115 pages, 12 €

https : www.brunoguattariediteur.fr 



Disposition

Nous entrons dans une histoire pensai-je

toujours attentif à ton existence

dans les hautes allées bleues de peupliers

éclairées par les feuilles agglutinées

Au ciel feuillu nous devons une errance

pourtant nos pieds foulent toujours la neige


p.34


Sentinelle


On finit de brûler les dernières branches.

Quelques cendres incandescentes poussent la nuit vorace.

Des faces pères se déplacent sur la terre. Certains arrivent et font une halte.

Certains parlent à voix basse, surprenant la lumière émiée.


p. 103

La revue Osiris, n°90 - juin 2020


Rédaction : Andrea MOORHEAD
Conception graphique : Robert MOORHEAD





Ont participé à ce numéro 90 : SIMON ANTON DIEGO BAENA, ALAN BRITT, ASTRID CABRAL, KARIM DE BROUCKER, ABDERRAHMANE DJELFAOUI, FABRICE FARRE, CHRISTOPHE FRICKER, AARON HELFAND, JOSEPH HORGAN, MARIA GRAZIA INSINGA, TONY LEUZZI, ALEXIS LEVITIN, FRANCA MANCINELLI, PANSY MAURER-ALVAREZ, MICHAEL MIROLLA, ANDREA MOORHEAD, ROBERT MOORHEAD, BIBHU PADHI, PATTY DICKSON PIECZKA, MATTHIAS POLITYCKI, FRANCES PRESLEY, PAUL B. ROTH, SILVIA SCHEIBLI, JORGE RODRIGUEZ-MIRALLES et JOHN TAYLOR.

PULLMAN


Elle disait le pullman, cet animal mécanique
et jaune qui arrivait en klaxonnant ; celui qui repartait
dans la roche percée par le ciel pour rejoindre
les bruits de la ville, chargé de visages qui parlaient
le même langage que là-bas, de l’autre côté où le soleil
n’a pas de trêve. Quand au retour Andrea en descendait,
de cette ville inconnue, assise froissée à ses côtés sur un siège du pullman,
la vie et l’enfance meilleure, le désordre d’une joie loin de tout, étaient en vrac dans ses sacs de toile qu’il ouvrait d’un coup, généreusement, et c’étaient les mêmes sacs que les ouvriers gardaient jalousement sous le bras pour aller travailler. Un jour nous étions tous partis par le pullman, et elle aussi. (Elle répète encore, je l’entends, « le pullman, le pullman »).


Continuum

La fin dans le continuum, la rupture à vrai dire,

l'averse dans le cœur d'été, l'ouragan fils de l'émotion

et tout semble tout à coup effrayant. La bouche proche

de la joue me chuchotait. Un souffle chaud faisait

frémir les buis plantés sur le chemin incliné. Au pied

des arbres émondés, les jardiniers aux mains jaunes

rassemblèrent les défaites sans couleur. J'aurais dû

répondre à son intention, lorsque je fus murmuré,

sans attendre. Mais on ne regrette pas, 

on se tait et on dit que c'est guérir.


Lessives étendues : Anthologie de terre à ciel (45 auteurs, 2017)

Le jour suivant



Prépare le matin pendant que dort le ciel du bocage, au-dessus des hêtres ébouriffés. Dehors encore est petit comme un mouchoir de poche. Laisse entrer dans tes mains les mains précédentes. Les gestes durent, après ceux des mères incalculables, ainsi jusqu’au monde inhabité. Le blanc s’étale alors dans la vapeur du souffle, comme l’hiver en une saison chaude. Les haies s’amenuisent, laissant entrer le chemin vicinal : la prairie voisine se remplit de maisons. Le blanc suinte, s’agrège, coule et saute, poussé par l’effort. Il a l’odeur de la joie, la largeur du travail par la longueur du rire des ombres légères. Sur le fil courent les draps. L’aube, à cette heure, s’éteint comme une lampe molle. Le ciel se déleste et claque. L’ordre tacite du devoir est une injonction à la vie : le matin se déclare. Quelle est donc cette vision. Un linceul ébloui ou un visage simple. Mère, ma mère, laver et blanchir ont tout du premier langage.


Fabrice Farre <Lien>


SAUF




1

Le sabot frappe la pierre, le son se répand inaudible
jusqu'au midi. Nous tournons la tête de ce côté, sans
savoir, vieillissant d'un jour de plus quand naît enfin de
l'air chaud un troupeau entier qui déborde la raison : les
pierres roulent, le gardien de moutons vacille, la mer laineuse
presque grise blanchit le ravin au-dessous des buissons d'acacias.


 2


Et les épines dans les feuilles, au-dessus du muret obligent
à baisser la tête, sans doute pour se protéger mais davantage
pour arriver le corps en prière dans le soir rose avant le
plein jour. Les pierres s'éboulent, les entendre au loin
ranime les pas d'ici, et d'elles le troupeau se détache,
regagnant la part du ciel d'un souffle proche du repos.



Poème


Le vantail bouge, dans la chambre entre lentement
le chemin qui longe la façade, au bout duquel siffle
le premier merle. Les murs arborent les taches de lumière,
le chant lancé traverse d'une seule note l'espace confiné
du corps dont le désert gagne un horizon lointain
comme un gage de monde inventé par le désir.

Poème


Sur le revers, il y a un fil détaché du vêtement,
sur l'apparence le mensonge fait une incartade :
il se croit matériel dans une trame contestable.
Pour le retirer, seule une main irréelle peut s'en charger,
une plus réelle n'y parviendrait pas ou alors elle
réduirait en pièces ce que la plus irréelle rapièce.

LAUNEDDAS

 LAUNEDDAS


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TOUS LES TEXTES SONT PROTÉGÉS [page WIKIPEDIA]. Ils sont la propriété exclusive de Fabrice Farre.







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