L'HERBE COURT TOUJOURS...


 L’herbe court toujours sous mes yeux, elle brûle

même, avant que je puisse entrer en moi à nouveau.

Le talus s’incline, je crois apercevoir mes lunettes

de soleil : deux ronds d’ombre dans le jaune intense.

 

Le blanc, pendu aux fils, respire. Il fait le dos rond quand

elle passe en agent démasqué ; ici elle grandit, là elle tend

les mains et ne prie qu’en privé, silencieuse. À travers

l’image ternie, le bleu n’est bleu qu’à ce moment-là.

 

Je passe par la route que je connais par le cœur,

je disparais dans l’aire sauvage où crie impatient

l’orphelin, jurant sans trembler de la retrouver,

jurant de la revoir une autre fois qui ne suffit pas.


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