Toucher
à la terre peuplée de dragonniers et de cailloux,
la
part qui revient à chacun avant d'entrer.
Avant
d'entrer dans le monde
d'un
pays, d'une ville ou d'une chambre
sur
toi ma pensée, ma pensée sur toi se pose, alors
elle
me touche de ta main.
Je ne
t'ai jamais autant ressemblé, ta différence
me
reconnaît. Je te rends, ainsi, ce qui m'appartient
et
que tu me cèdes aussitôt, selon la loi de la joie,
de la
joie qui marche en notre compagnie. Elle
murmure
à grands cris, murmure par pudeur,
s'exclame
dans nos gestes qui nous font
avancer.
Halte, en temps de halte le lieu
nous
considère en nous fixant ; par toi
je
peux naître enfin, en m'oubliant, telles
sont
tes paroles que je fais miennes.
Alors,
pour qu'entre le grand dehors
sous l'accord qui nous lie, les fenêtres s'ouvrent
en
nous. Visible d'ici, la place sous le ciel est faite
de
ceux que nous ne connaissons pas. Nous savons pourtant
qui
ils sont, parce qu'ils ignorent tout de nous.
L'ignorance,
de chair et d'os, nous rend présents.
Sur
moi, ta pensée se pose sur moi, elle te touche
d'une
promesse jurée que je t'ai volée.