COLORATION

 

Le bleu rongé par l’ocre, le jaune puissant

tournant au vert, des images permanentes

derrière les paupières, quelques lignes brouillées

et claires dans cette direction, parfois des mouvements,

un animal, quelques silhouettes…

Ce jour-là, été ou pas, je suis descendu avec toi par là.


DÉNI

 

Tu t’acquittes de ta dette, quitte à te méprendre.

Tu te régales des fruits gâtés par ta disparition,

les enfants qui pleurent le doivent à leur joie,

la faim rôdeuse des rues assaille l’appétit de la vie,

le meilleur est la carence du moins que le plus

abolit d’un geste de déni.


REVUE LA FORGE - NUMERO 6 (octobre 2025)


SOMMAIRE : François BORDES, Bianka ROLAND, Marten WESTÖ, Ruth LASTERS, Keith DOUGLAS, Guennadi AÏGUI, Martin GLAZ SERUP, Tchaghnaa PUREVDORJ, Todorkhoi NAYANTAI, Robert FROST, Simon DEGRAVE, Arnoldo FEUER, Didier GAMBERT, Frédéric DIEU, Yves LEMOINE, Pascal BOULANGER, Muriel CAMAC, Gaël TISSOT, Linda DE MEYRIGNAC, Nicolas PINEAU, Marianne BRAUX, Benoît SUDREAU, Philippe JAFFEUX, Emmanuel DAMON, Cécile BELLEYME, Jean-Paul BOTA, Fabrice FARRE, Sophie COIFFIER, Julie NAKACHE, Albert FLEURY, Jean-Patrice COURTOIS, Claudine BOHI et Anal CHADLIA.

JON BROWER MINNOCH

 


Jon Brower Minnoch observait la ville la nuit,

tous les gratte-ciels du quartier d’affaires le plus laid

fusaient comme de vaines bougies - un clair de lune

relevait de temps en temps les contours des baies

monumentales, miroirs d’âme errante. Aux premières lueurs

du jour, Minnoch s’endormait, gracié par les yeux inquisiteurs

de la foule occupée à aller à la vitesse des heures manquées. 

Il aspirait, malgré lui, à chaque respiration,

l’inutilité des chantiers d’où l’on voyait surgir les publicités

d’architectes mégalomanes. Le vent fou des hauteurs gonflait

lentement le corps du dormeur passager* luttant contre

la douceur rieuse, rivalisant encore, bien qu’abattu sur le seuil

d’une plage dont seuls les murs avaient connaissance.



*Né en 1941 et décédé en 1983


VOUS REVENEZ...

 

Vous revenez sans cesse pour nous reconnaître,

invisibles à nos yeux mais présents lorsque

sans le savoir, nous traversons l’espace où vous vivez.

Parfois, nos gestes sont les vôtres et bien plus quand

notre voix ne nous appartient plus. Ici et demain,

à perpétuité au sein de la nuit étoilée, nous en sommes

à notre début et à notre fin, probablement animés

par une raison qui nous échappe. L’oubli nous ensevelit

et nous révèle au moment où lui-même émerge accidentellement

au sommet de la montagne d’un jour particulier.



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TOUS LES TEXTES SONT PROTÉGÉS [page WIKIPEDIA]. Ils sont la propriété exclusive de Fabrice Farre.







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