ANTOINE

 

La tache de café, dans le cahier, date de l'année où tu

vins t'installer dans cette vaste maison cueillie par le

verger de l'Ardèche. Les pêches mûres au bout des branches

arquées n'étaient pas cueillies - Ton arrivée signait le départ.

Je lisais entre les lignes de chaque page ton avenir plein

d'errances, jusqu'à ce que je boive cette eau noire dont l'oeil

maintenait deux solitudes : la mienne me rendit gauche et je

renversai ma tasse ; tu vins chercher un poème de secours.


MACHINES


La carapace d'acier retient le râle du moteur, on s'affaire

sans prière, bras et mains s'agitent à l'unisson, la parole

en moins. Enchaînées au devoir, sous la lumière des fenêtres

hautes, les blouses rythmiques et bleues, traversées par un rai

de poussière dansante, actionnent des roues dont le goût de fonte,

mêlé à la salive, est la raison de déglutir. La gueule béante

libère de petits trains de cartons prêts pour l'expédition, un tapis

rotatif les entraîne. Les machines parlent mieux que quiconque.


FLOCONS

                                                                                                                                                 à ma mère

Les flocons, sur le lac, font encore tomber ses larmes, c'est

déjà demain avec son cortège improbable qui arrive

du désert : ce n'est plus hier, seules les chansons sont

tristes si elles se retournent. Le lac gelé, c'est donc que

le froid s'est épris de l"insaisissable, la glace empêchera

l'ascension du plongeur en apnée. Pour apaiser le lac, un peu

moins de chagrin serait le mieux pour réduire la taille

du monstre résigné qui s'abîme, peu à peu, dans la fleur blanche.


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