Bruit

 

Le bruit discret retentit sur

la rue maintenue par les murs

de ma maison : histoires de vie,

valises, fardeau ou nécessaire

de voyage que tire la main affairée.

L'accueil n'a pas de porte, tout

peut entrer dans le vestibule inquiet

de l'oreille.



Promesse

 

Toucher à la terre peuplée de dragonniers et de cailloux,

la part qui revient à chacun avant d'entrer.


Avant d'entrer dans le monde

d'un pays, d'une ville ou d'une chambre


sur toi ma pensée, ma pensée sur toi se pose, alors

elle me touche de ta main.


Je ne t'ai jamais autant ressemblé, ta différence

me reconnaît. Je te rends, ainsi, ce qui m'appartient


et que tu me cèdes aussitôt, selon la loi de la joie,

de la joie qui marche en notre compagnie. Elle


murmure à grands cris, murmure par pudeur,

s'exclame dans nos gestes qui nous font


avancer. Halte, en temps de halte le lieu

nous considère en nous fixant ; par toi


je peux naître enfin, en m'oubliant, telles

sont tes paroles que je fais miennes.


Alors, pour qu'entre le grand dehors

sous l'accord qui nous lie, les fenêtres s'ouvrent


en nous. Visible d'ici, la place sous le ciel est faite

de ceux que nous ne connaissons pas. Nous savons pourtant


qui ils sont, parce qu'ils ignorent tout de nous.

L'ignorance, de chair et d'os, nous rend présents.


Sur moi, ta pensée se pose sur moi, elle te touche

d'une promesse jurée que je t'ai volée.



J'occupe une maison...

J'occupe une maison dans une maison,

celle où l'on pense jour par jour.

Les images des enfants ne font

que passer, il n'y a aucun tableau.

Les murs sont blanchis à la chaux

de l'amour qui brûle et parfois

rassérène. La veille du lundi

et du vendredi je prépare un déjeuner

pour un convive que j'aperçois

dans les formes mobiles du quotidien. 


                                A paraître, avec cinq autres poèmes, dans la revue américaine OSIRIS, en juin 2021


Deux poèmes

 

Dans l'escalier qui regagnait le ciel,

le cycliste de tout à l'heure portait

son vélo sur le dos, avec une grâce

facile. Les années où j'avais roulé

étaient passées, le temps que je monte

jusqu'à la dernière marche.


                                                        *


L'effort collectif permit l'ascension

de la nouvelle pente. Les badauds

de couleurs portaient leurs cris

essaimés au-dessus de leur tête,

tandis que l'exultation, comme

goutte froide, tombait noire

sur la route.

                        Le gruppetto

se détacha, tout à coup apparu

au refus de l'amertume.


VUES ET REVUES

LISTES DES PAGES DU BLOG

POÉSIE CONTEMPORAINE... peut-être

TOUS LES TEXTES SONT PROTÉGÉS [page WIKIPEDIA]. Ils sont la propriété exclusive de Fabrice Farre.







ARCHIVES DU BLOGUE