(d’après le tableau de F. E Vallotton « La femme blanche et la noire », 1913).
C’est la chanson – de
quelques notes distinctes, longues ou
courtes – qui traverse l’air comme un boa bosselé, celle qui atteint le bleu
jusqu’à son engourdissement alors que les corps se penchent et que la canne
rompt tout à coup. Dans ma case toute resserrée et près de toi, ce sont deux
mondes qui ne fondent pas comme le sucre à venir. Il en faut du souffle pour
raser les terres. Le tien est bien plus facile pendant que tu dors et que je
veille à ta blancheur, à ton sexe par où je voudrais passer et qui se ferme
comme une lèvre noire. Par où, par où pourrais-je aller pour trouver ton noir
de sommeil, celui qui persiste dans mon esprit et qui te retournerait comme un
gant dont les doigts seraient à l’œuvre rouge pendant que je t’observerais. Ce
n’est pas mon Dieu qui t’a peinte ou alors était-il aveugle. Pourquoi donc
est-ce la lumière qui te découvre et pourquoi est-ce avec elle que je te trouve
ainsi abandonnée, laide dans le blanc — mais le blanc peut-il être aveugle si
je ferme les yeux. J’en voudrais au peintre, avec les mots de colère du
contremaître ou de nos tambours sombres. J’en voudrais à ceux pour lesquels la
peau du tableau est aussi réelle que de rester ainsi, comme moi, à observer le
silence de cette couleur qui, comme la mienne, n’en est pas une.
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